• Frère de rien

     

     Carnet n°1, fin septembre 

    L'homme vivait seul, emmuré dans un silence ajouré de phrases qu'il savait, en cas de nécessité, articuler avec chaleur et politesse. Le reste du temps, il n'était ni empressé ni hostile, simplement tel qu'en lui-même, résigné et lointain, étoile errante formée par accrétion des poussières des jours.

     

    *

     

    Carnet n°2, début décembre

    La zoopsie douce est une forme d'hallucination visuelle et auditive bénigne qui se manifeste chez celui ou celle qui observe éperdu la lumière zodiacale aux heures de l'aube et du crépuscule.  Elle se traduit par l'apparition fugitive et enchanteresse d'une fauvette stellaire, laquelle volète, zinzinule et étincelle sur le plan de l'écliptique avant de rejoindre, dans un ultime éblouissement, le nuage d'étoiles dont elle était issue. 

     

    *

     

    Carnet n°2, début octobre

    C'est un ami que je n'ai pas vu depuis longtemps. Il est absorbé dans la contemplation des mordorures de l'automne. Je m'approche et m'assied près de lui sans qu'il me reconnaisse. Je le trouve très affaibli, mais je n'en déduis pas qu'il est triste ou amer. Il regarde ailleurs, il a toujours fait comme ça. Bientôt, j'irai à sa rencontre et finirai par m'enquérir, après les banalités d'usage, de sa santé et de sa situation matérielle. Il me répondra du haussement d'épaules de celui qui ne minute plus le temps peut-être encore étendu qu'il lui reste à vivre.

     

     

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