• La belle absinthe

     

    Carnet n°2, début décembre

    Cet après-midi, un homme a été kidnappé dans la rue sous mes yeux. 

    Nous rentrions d'une sortie scolaire. L'homme se trouvait à quelques mètres devant nous et nos élèves lorsqu'il a été saisi et conduit de force par trois autres types dans une voiture qui a démarré aussitôt. Il n'y a pas eu de cris ou de hurlements, personne n'a eu le temps d'intervenir ni même d'avoir peur. 

    Quant à moi, j'étais la personne la plus proche de l'enlèvement. Pourtant je n’ai rien vu. A l'instant de la succession des faits, j'aurais bien pu être karatéka ou violoniste, cela aurait été kif-kif tant mon esprit était ailleurs. 

    L’homme a disparu sans que je le réalise, parce que moi-même j'étais absent.

     

    *

     

    Carnet n°1, mi-septembre

    A défaut de m'endurcir, les épreuves m'auront du moins solidifiées puisque me voici réduit à l'état de colosse de marbre offert à la curiosité des visiteurs du palais. Nous bordons le canal, mes compagnons et moi, et discutons de notre commune inaptitude à combattre et nous rebeller. Nous nous découvrons même ce goût partagé pour les heures les plus solitaires qui rend si remarquable la similitude de nos destinées et si naturelle notre immobilité.

     

    *

      

    Carnet n°2, début octobre

    Dans la pénombre de la chambre close, deux yeux fatigués scrutent deux silhouettes fureteuses sur la place vide d'une ville fantôme.

     

     

     

     

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