•  

    carnet n°1, début septembre

    Il avait jusqu'ici tenu la gageure d'une existence sereine et d'une joie gamine, mais savait que cela n'allait plus durer longtemps, car une voix avait commencé de murmurer, qui par degrés montait, gueulait, vociférait, hurlait, jusqu'à déformer l'espace de son unique chambre à l'immense fenêtre et son esprit de plus en plus vide.

     

    *

     

    carnet n°2, mi-octobre

    J'entends la peur tambouriner à ma porte, mais je ne lui ouvrirai pas. Je ne lui offrirai pas la saveur d'un nouveau traumatisme. Je ne suis pas cette peur tiquetée de plaies à vif. Je ne puiserai plus à la source de mes angoisses pour grossir et lui ressembler. Elle va passer son chemin. Je suis plus fort qu'elle.

     

    *

     

    carnet n°2, début novembre

    A la source du mal qui te ronge et sape ton assise morale, une mélancolie et une honte également fondatrices et pourtant encore soignables, car le temps de te disjoindre n'est plus.

     

     

     


    votre commentaire
  • *Le titre m'est venu samedi matin alors que j'étais assis à la cuisine de la bibliothèque : je regardais notre vigile soigner une petite plaie à son doigt (il s'était arraché un bout de peau en utilisant un économe) quand mon attention a été attirée par la "Tristesse de secours" posée à côté de lui. Il m'a fallu un moment pour remettre de l'ordre dans mes pupilles et ranger dans sa boîte mon inconscient en attendant qu'il me joue un nouveau tour.

     

    Carnet n°1, début septembre

    En construisant son éloquence future lentement, mot à mot, comme s'il fagotait le bois mort pour le brûler dans l'âtre, il entretenait au fond de lui un espoir immense.

     

    *

     

    Carnet n°1, mi-septembre

    Sur le front de mer, l'agitation nocturne s'étend comme une maladie symptomatique. Je m'en éloigne et marche sur le sable sans me décider où aller. J'écoute un moment le bruit des vagues noires et me fais la réflexion que je pourrais maintenant m'asseoir et continuer à écouter, ou bien partir à la recherche d'une couleur qui me spiritualise.

     

    *

     

    Carnet n°2, mi-octobre

    J'ai forgé mes rêves, les ai logés dans un flacon et ne quitte plus cette pièce où je vais à pas feutrés pour ne déranger personne.

     

     


    votre commentaire
  •  

    Après avoir terminé Le parfum de la fraise (voir ici et ), je n'avais pas prévu de lire un second livre sur la chimie, mais j'ai finalement décidé de retenter ma chance sur les étagères de la bibliothèque où je travaille.

    Et je suis tombé sur la perle rare.

    Si la chimie m'était contée, de Paul Arnaud, est un livre magnifiquement écrit, limpide, précis, généreux, fraternel, que je n'ai pas encore fini, mais dont j'ai déjà lu plus de la moitié avec l'impression, chaque jour, d'avoir entre les mains quelque chose qui me permettait non seulement d'en savoir plus, mais aussi de me sentir un peu plus intelligent, un peu plus confiant en mes capacités à suivre un exposé, une démonstration, un raisonnement.

    Cette fois-ci, je n'ai pas pris de notes au fur et à mesure, simplement pour ne pas ralentir et gâcher le plaisir de la lecture, mais il me paraît inconcevable de ne pas relire ce livre le stylo à la main pour garder la mémoire de cette rencontre avec cet homme mort il y a plus de dix ans, mais qu'aujourd'hui, aussi étrange ou ridicule que cela puisse paraître, je considère quasiment comme un ami.

     


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires