carnet n°2, fin novembre

A la terrasse d'un café, un homme récite un madrigal qu'il vient de composer. Le texte est piquant et tendre et la voix précise et claire, mais les chaises sont vides. A qui s'adresse-t-il ? Contre quelles faveurs désire-t-il monnayer ses talents ?

Réalise-t-il que je suis le seul qui l'écoute ? Que c'est absurde ?

Ou alors c'est moi qui ne vois plus les personnes attablées, qui ne les entend plus, qui suis perdu en moi-même, en train de devenir fou, complètement maboul.

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carnet n°1, mi-septembre

La nuit épeurante s'éraillait et les bourrasques du vent avaient cessé. Bientôt il ne resta plus qu'un grand calme et les lumières hors de soi du crépuscule. Sur le rebord de la fenêtre du refuge, l'oiseau indécis avait repris son envol.

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carnet n°1, début octobre

Ce matin, il pleuvait à verse et un homme persistait dans l'idée étrange d'attendre l'autobus à côté de l'abri construit pour les voyageurs. Il ne portait pas d'imperméable ni ne tenait de parapluie et il attendait stoïquement, les pieds sur le rebord du trottoir, juste devant une immense flaque dont les reflets semblaient l'intéresser vivement. Lorsqu'il fut éclaboussé au passage d'une première voiture, il ne bougea pas d'un pouce et resta ainsi de longues minutes jusqu'à finir littéralement aspergé des pieds à la tête.

Le bus arriva enfin mais l'homme ne fit pas mine de s'en approcher. Ayant moi-même attendu sagement assis à l'abri des intempéries, je voulus en avoir le cœur net et m'approchai à hauteur de l'inconnu.

Lorsque je lui demandai franchement pourquoi il restait ici, il me répondit qu'il attendait l'embellie.

Voir billet précédent (mon carnet est toujours aussi petit).

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Textes libres, sans contraintes, sinon celle de faire court puisqu'écrits dans un très petit carnet (j'aime les carnets)

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